Un jour que Francis Ford Coppola rendait visite à sa fille Sofia sur le tournage du film que celle-ci préparait à propos de Marie-Antoinette, il s’écria soudain : « Mais cette reine, c’est Diana, c’est Lady Di ! » Il formulait ainsi une belle concordance des temps. Il évoquait la rencontre entre une notoriété universelle et le désir affirmé d’échapper à ses diverses contraintes. Il entendait le contraste entre l’aspiration à l’incognito et le goût de suivre des modes auxquelles seuls les regards d’un vaste public peuvent donner leur éclat et fournir à qui les incarne une jouissance très spécifique.
C’est de la célébrité que nous allons parler aujourd’hui, et de ce qu’Antoine Lilti appelle son « invention » de 1750 environ jusque vers 1850, pendant un siècle tout juste. Antoine Lilti est directeur d’études à l’EHESS et il vient de consacrer à ce sujet un ouvrage passionnant qui foisonne en rapprochements entre ces temps éloignés et notre vie contemporaine. Nous nous trompons lorsque nous sommes portés à croire que ce sont les médias du dernier siècle qui ont fait surgir à profusion les vedettes, les stars (celles qui gravissaient joyeusement les marches du festival de Cannes, la semaine dernière) ou encore les personnalités politiques et les quelques intellectuels et écrivains qu’entourent une curiosité dévorante dépassant largement leurs écrits. La chose est en fait bien plus ancienne et c’est ainsi que scruter les ressorts, les procédés et les conséquences de la célébrité en construction autrefois doit conduire à mettre heureusement en perspective le fonctionnement du même phénomène au plus immédiat de notre quotidien. Jean-Noël Jeanneney
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